Dimanche 15 Juin 2008 La Wysam 333 à Orbe (Suisse)

Pour la 3ème fois, j'ai participé ce dimanche à la Wysam 333.

Malgré un appel général, seul Alain Boutoux pour le TAC a répondu à ma demande de m'accompagner sur cette belle épreuve suisse de 333 km à Orbe, près du lac de Neuchâtel.

Avec Dominique Briand, friand ce genre d'épreuve qui s'est joint à nous, et sous la houlette de Yolande Boutoux, notre coach-supporter-majordome-assistante-cuisinière-et j'en oublie, nous ferons donc le voyage à 4.

Samedi 9 h : nous partons comme prévu de Dardilly, sans avoir vérifié que nous n'avons pas oublié quelque chose. Le trajet se fait sans problème par Oyonnax, St-Claude, Lamoura, Le Brassus où nous empruntons quelques kilomètres du circuit du lendemain.

Rapidement installés au superbe camping d'Orbe dans une "maison de toile" toute équipée, nous nous rendons en début d'après-midi sur le site de départ/arrivée, distant de moins d'un km. Fort sympathiquement accueillis par l'organisateur Samuel Wyss et son équipe, nous voyons notre présence enregistrée, nos plaques de cadre installées, nos éclairages vérifiés.

Je suis un peu déçu de constater qu'il y a seulement 117 inscrits sur la Wysam en 1 jour (et 50 sur la Wysam en 2 jours) : manque de pub ?

Sur les cyclosportives à faible nombre de partants, le risque de se retrouver isolé est réel si on se fait sortir du groupe auquel on appartient.

Je fais la réflexion prémonitoire qu'ici le risque sera encore plus fort, car sur une telle distance les cyclos seront vraiment éparpillés.

Nous partons pour un décrassage d'une cinquantaine de km sur le parcours.

Et chacun s'interroge sur son état de forme : Alain n'a pu faire autant de longues sorties qu'il aurait souhaité pour se préparer ; Dominique a un léger doute : a-t-il bien récupéré de son Glockner Man de la semaine dernière en Autriche ? (1 015 km, 15 000 m de dénivelé, où il a terminé 8è !!) ; Plus modestement, je me demande si Lyon-Mt-Blanc le week-end dernier a été une bonne préparation…

Le soir, nous faisons le plein de calories et de sucres lents avec notamment une salade de "vraies" lentilles du Puy et une plantureuse platée de pâtes agrémentée d'une sauce aux "vrais" champignons.

21 h 15 : extinction des feux, rallumage prévu à 3 h 30.

Bien que les réveils oublient de sonner nous sommes debout à l'heure dite pour ingurgiter café et gâteaux énergétiques.

A 4 h 15 nous sommes prêts pour signer la feuille de départ et assister au briefing, traditionnellement exprimé en français et en allemand. Le cracheur de feu est bien présent comme chaque année et met l'ambiance, avant le coup de pistolet qui nous libère. Le temps est sec, frais, la nuit assez claire.

Les premiers km sont parcourus très sagement et rouler de nuit est réellement un plaisir. A la faveur d'une légère montée l'allure s'accélère un peu : tiens, on se croirait à une sortie du TAC. Puis brusquement nous bifurquons sur une petite route et j'aperçois les feux des motos ouvreuses bien plus hauts que nous. Flairant le raidard je passe aussitôt sur un petit braquet et me retrouve ainsi dans les 10 premiers. Un peu plus loin j'aperçois Dominique qui nous passe sur la gauche, sur la plaque, et s'en va seul dans la nuit pendant quelques kilomètres. Dès lors le rythme sera beaucoup plus soutenu (34,5 km dans la 1ère heure) et nous aborderons le col du Marchairuz dans un peloton réduit à une trentaine d'unités. Nous avons quand même le temps d'admirer le Lac Léman et les Alpes en arrière plan : mais malheureusement le lever de soleil espéré sur ce joli paysage n'aura pas lieu.

Dès les premiers lacets 3 groupes se forment : 8 gars devant avec Dominique, puis 8 que nous gardons en point de mire et 13 dont Alain et moi. Avec nous se trouvent une féminine, championne de suisse romande de contre la montre et son "poisson pilote", un coureur élite.

La montée de 20 km est d'abord relativement facile avec de bons replats et finit par 5 km à 5% puis 4 km à 7 %. Progressivement nous nous rapprochons du 2ème groupe et la jonction se fait au sommet (km 68). J'ai trouvé la fin bien assez dure pour rester au contact. Certains font l'erreur de s'arrêter au ravitaillement, nous ne les reverrons jamais.

Il fait un petit 4°, à 1447 m d'altitude. J'enfile le coupe-vent mais ne souffre pas trop du froid dans la descente : celle des Saisies la semaine précédente dans LMB était bien pire. Alain se félicite de porter la veste polaire du TAC mais a du mal à changer de vitesse, il a les doigts gelés. Après le tour du lac de Joux mené bon train, un petit col de 3 km nous réchauffe, mais je tiens de justesse.

Heureusement le jeune élite homme attend la jeune élite femme ; et comme personne n'ose se sauver sans lui, qui accomplit la plus grosse partie du travail, notre groupe de 13 reste bien uni. Cela permet de se maintenir dans les roues quand l'un ou l'autre comme moi est un peu juste.

Le parcours est assez vallonné mais nous ramène par une longue descente sur Orbe, point de contrôle de passage et de ravitaillement (km 128). Yolande est fidèle au poste et nous passe les bidons.

La sélection a été faite : le groupe des 8 de tête est passé depuis 12 minutes, et nous occupons donc les positions 9 à 21. Derrière, ce ne sont que des groupes de 2, 3 ou 4 à 8 minutes et plus.

J'ai l'impression à la fois satisfaisante et inquiétante de ne pas être à ma place : combien de temps vais-je tenir ?

Chacun s'arrête plus ou moins brièvement au ravitaillement, mais nous nous attendons et le groupe se reforme dès que nous quittons la ville. 10 km plus loin une bosse en 2 temps se passe sans encombre, nous l'avions reconnu la veille, ça aide.

Commence alors une longue randonnée sans difficulté vers le Nord et le lac de Morat. Je me sens bien et participe aux relais pendant un moment.

Je me rends compte que notre groupe a plus que doublé. Alain, qui s'est renseigné, m'explique que le départ de la 2ème étape de la Wysam en 2 jours s'est fait seulement quelques minutes après notre passage à Orbe (alors qu'il aurait dû se faire 30 mn après le passage des premiers de la 333 en 1 jour). Les premiers de la Duo nous ont donc rejoint assez rapidement et il faut avouer que cela nous a facilité ensuite la progression.

Nous passons le km 200 et Alain m'indique "qu'il a atteint son seuil de compétence" compte tenu de sa préparation. Mais la suite prouvera qu'avec son expérience, ce seuil est bien plus lointain.

Une moto équipée d'un porte-bouteilles est à notre disposition près du peloton et d'autres motards nous précèdent, se transformant en signaleurs aux carrefours importants. C'est le top de l'encadrement !

Nous prenons la direction de Fribourg et les choses redeviennent plus sérieuses. Quelques petites bosses, puis après Düdingen un très long faux plat de 20 km. Par moments, je le trouve vraiment faux ce plat, et il devient même indigeste, car le rythme est trop élevé pour moi. Le groupe se réduit à une vingtaine d'unités dont 11 de la 333 en 1 jour. Je m'accroche, plusieurs fois. Mais à environ 3 km du sommet ce n'est plus plat du tout à mon goût, et je lâche, au km 222. J'ai fait juste les 2/3 de l'épreuve correctement, et ce que je redoutais arrive, me faire éjecter d'un groupe et me retrouver esseulé.

Au ravitaillement de Giffers (km 236), toujours en Suisse allemande, je retrouve 2 gars, 1 de la Duo et 1 de la "1 jour", qui ont subi le même sort que moi.

Visiblement ils prennent leur temps. Il faut dire que les ravitos sont copieux et variés. Je commence à repartir doucement, leur disant que je les attends. Mais ne les voyant pas venir je décide de continuer.

La suite sera d'abord un grand moment de solitude. Il y a de longues lignes droites d'un à 2 km : quand j'arrive au début, personne à l'horizon, et quand j'arrive à la fin, je me retourne, personne en vue derrière !

Ces lignes droites sont entrecoupées de quelques bosses, jamais bien longues. Pas de souci pour se diriger : le fléchage est digne de l'équipe Moulin/Bouvier/Favrot. Le temps est gris, même légèrement pluvieux par moments. Dommage, les passages près des lacs auraient été plus agréables sous le soleil.

Enfin, peu avant Bulle (km 263), les 2 cyclos que j'avais laissés au ravito me rejoignent, le "2 jours" d'abord puis le "1 jour" qui a trouvé un cycliste de passage pour le tirer.

Nous roulons ensemble jusqu'au ravitaillement suivant, km 283, dont nous repartons à 2 : le cyclo Duo s'arrêtant plus longuement.

Au passage à Châtel St-Denis, pas de trace de l'équipe de France de foot qui a, pour peu de temps encore (!) ses quartiers ici…

Il y a par contre dans tout le pays un engouement extraordinaire pour l'Eurofoot avec fanions sur les voitures, drapeaux accrochés aux fenêtres, aux couleurs suisses mais aussi espagnoles et portugaises.

Mon compagnon de route est du coin : il me décrit les 3 bosses qui restent. Dans la plus longue, je lui dis de partir, il a retrouvé plus de forces que moi. Je suis repris au sommet par 2 gars du club d'Orbe, dont un "2 jours" qui tire son copain. Nous terminons ensemble, sur une route devenue très humide.

Devant, ils se retrouveront à 4 dont Dominique ; puis un ex élite partira seul vers la victoire à 110 km de l'arrivée. En lutte pour la 2ème place, Dominique crèvera à 20 km de l'arrivée. Heureusement rapidement dépanné par la voiture d'assistance, il prendra une superbe 4ème place, moins de 10 jours après son marathon autrichien.

Le groupe auquel j'appartenais reprendra 4 coureurs du groupe de tête et arrivera pour la 5ème place. Alain aura remarquablement tenu ce peloton, ne se faisant sortir que dans la dernière bosse. Il finit 17ème dans un excellent temps de 10 h 28.

Je finis 2 places derrière lui, mais à 35 mn ! en 11 h 03, soit un petit 30 de moyenne : la solitude ne pardonne pas.

A peine la ligne d'arrivée franchie, je suis interpellé par le speaker, qui "me branche" sur Les 3 Cols : c'est Yolande qui l'a baratiné avant que j'arrive, et me voila micro en main à faire de la pub pour notre épreuve !

Alain est déjà en pleine séance de récupération musculaire sur le stand d'un sponsor bien connu.

Plus de podium cette année pour les lauréats : ils sont récompensés au fur et à mesure de leur arrivée, ce qui leur évite d'attendre trop longtemps (par exemple, 1 h 10 d'écart entre la 1ère et la 2ème féminine). Mais c'est moins sympa, à mon avis.

Après une douche à notre camping voisin, un repas chaud nous est offert au self du collège qui sert de site de départ/arrivée.

Nous sommes tous les trois contents de notre week-end. Le nouveau parcours est plus dur que celui qu'Alain et moi connaissions (3800 m de D+ contre 2400), mais reste très abordable avec un peu d'entraînement.

Cette épreuve a réuni moins de participants que les autres éditions, mais après une année d'interruption les organisateurs étaient néanmoins satisfaits.

Elle mérite plus de monde, et je persiste à penser que le TAC obtiendrait d'excellents résultats sur un tel parcours. C'est le genre de week-end à organiser à plusieurs, pour minimiser les frais, et qui laisse d'excellents souvenirs, car sortant de l'ordinaire. Alors, rendez-vous en 2009 ?

Jean-Charles

Quelques chiffres

départ : 4 h 30

distance : 335 km

dénivelé : 3800 m

température mini 4° (col du Marchairuz vers 6 h 45)

température maxi 16°

inscrits : 117 (Wysam en 1 jour) 85 classés

temps du vainqueur : 9 h 49 (33,8 km/h) contre 9h25 en 2005 (pluie) et 9h16 en 2006

tarif : 75 CHF (47 €)

distance depuis Lyon : 230 km